« Le milieu de la chimie, c’est plutôt féminin. » Stéphanie Cassel, maître de conférences à l’université de Toulouse, s’arrête et réfléchit. « Enfin, il y a beaucoup de femmes mais bon, c’est comme partout, les postes importants sont plutôt tenus par des hommes. » Derrière ses mots, pas de combat féministe : il s’agit juste d’un simple constat.
Née en 1971 à Paris, Stéphanie Cassel s’est toujours imaginée chercheuse, peu importe la discipline : « en terminale lycée, j’ai appris à décortiquer les textes en suivant un raisonnement logique. C’est bizarre mais c’est ainsi que j’ai compris que je voulais faire de la recherche. » Sur les conseils de ses parents, elle passe une journée avec un chercheur de l’Ifremer de Brest. Il lui explique ceci : « Seuls 10% des postes de recherche sont donnés à des femmes. Si tu veux être chercheuse, fais normale sup. »
Alors, son bac en poche, elle entre en classes prépa et tente le concours de l’école Normale… qu’elle rate de peu. A défaut, elle intègre une école d’agro à Dijon « juste parce que j’avais réussi le concours. » Et c’est la déception. « Je n’apprenais aucun des concepts de base, rien de fondamental, c’était très frustrant. » Elle abandonne en 2eme année et file dans un IUP de chimie, à Orléans, « juste parce qu’ils m’avaient sélectionné l’année précédente ». Cette fois, l’expérience lui plait : elle poursuit jusqu’en thèse où elle étudie les « esters de polyglycérol ». « Il s’agissait d’une grosse étude financée par l’Union Européenne. Mon boulot consistait à valoriser les sous-produits de la fabrication des biodiesels. »
Après un post-doc en Angleterre, elle rentre en France et tente d’obtenir un poste de chercheur. « Il m’a fallu quatre ans avant d’y parvenir. A chaque fois, je me déplaçais pour rien : il y avait toujours un candidat « local ». Mais ça, évidemment, personne ne vous le dit… de même que personne ne vous rembourse vos frais de déplacement pour passer ces concours. » C’est au moment où elle est sur le point de tout laisser tomber et de partir travailler à l’étranger qu’elle décroche un poste à Toulouse. Elle travaille désormais sur des tensio-actifs dérivés de sucres et élabore notamment des vésicules qui pourraient acheminer des médicaments à des endroits précis du corps, grâce à des récepteurs spécifiques ou à un gradient physique comme la température. Celle des tumeurs est en effet plus bien élevée que celle du reste du corps. Aujourd’hui, elle commence à s’investir dans la vie de l’université. « Plutôt que de râler, je préfère mettre les mains dans le cambouis pour tente d’influer sur le fonctionnement de l’université. »
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